Partant du constat que les ruches modernes étaient des passoires thermiques conduisant à des surmortalités hivernales, Marc Guillemain a passé 30 ans de sa vie à mettre au point un système d’isolation efficace en s’inspirant de l’habitat naturel des abeilles, à savoir le tronc d’arbre.
Les RoboBees
Face au syndrome d’effondrement des colonies, attribué notamment aux maladies, parasites et pesticides, et pour enrayer le déclin de ces insectes pollinisateurs, des chercheurs américains se sont lancés dans la fabrication de RoboBees.
Photo Kevin Ma et Pakpong Chirarattananon
Ces « insectes » artificiels mis au point par des ingénieurs de Harvard, aidés par des biologistes de la Northeastern University de Boston, sont capables de faire fructifier les cultures grâce à un appendice pollinisateur. Mis sur orbite en 2009, le projet RoboBee est déjà parvenu à faire voler des robots de 80 mg, très semblables aux abeilles, d’une envergure de trois centimètres. Leurs ailes, capables de battre 120 fois par seconde, sont animées par un muscle créé à partir de matériaux piézoélectriques, qui se déforment sous l’action d’une tension électrique. Seule ombre à l’horizon pour les RoboBees : leur alimentation. Les chercheurs réfléchissent actuellement à des piles miniatures à combustible à oxyde solide, qui fonctionnent à partir d’hydrocarbures et qui permettent un bon rendement électrique.
Photo Kevin Ma et Pakpong Chirarattananon
L’autre défi de la RoboBee est son système de navigation. Les robots doivent non seulement reproduire le comportement d’insectes pris séparément, mais aussi le comportement qui émerge de milliers d’abeilles en interaction. L’astuce développée pour le moment s’oriente autour de la «ruche». Les milliers de RoboBees déployés pourraient déposer leurs informations dans une mémoire informatique. Deux programmes seraient alors en charge de les analyser: le langage Karma indiquera individuellement à chaque robot la nouvelle zone à polliniser et le modèle OptRad traitera, quant à lui, l’essaim d’abeilles afin d’apporter une réponse collective aux RoboBees.
Photo Kevin Ma et Pakpong Chirarattananon
Le projet, porté par la robotique, est dans le viseur de Greenpeace depuis son lancement en 2009. Selon un rapport publié par l’ONG, «plus de deux tiers des pollens prélevés dans les champs et ramenés à la ruche par les abeilles ouvrières seraient contaminés». Greenpeace explique ainsi dans une vidéo que «le déclin des abeilles ne relève pas de la science-fiction, c’est une réalité». La vidéo met en scène des abeilles-robots qui fonctionneraient à l’énergie solaire. Une invention qui, selon Greenpeace, pose des questions éthiques et remet en cause le rapport entre l’homme et la nature.
La pollinisation n’est pas la seule application escomptée des RoboBees. Elles pourraient aussi permettre de repérer et identifier des victimes lors de catastrophes naturelles. Des applications militaires sont par ailleurs possibles. Rien de tel qu’un faux insecte pour reconnaitre, surveiller et repérer des personnes recherchées. Car les RoboBees pourraient ressembler à de véritables drones microscopiques, avec des caméras à la place des yeux…
Évidemment, tout cela ne dit pas comment sauver les vraies abeilles, qui sont les seules à maîtriser la pollinisation pour le moment.
Sources : seas.harvard.edu, lefigaro.fr, smithsonianmag.com