Élever des reines en apiculture est une pratique essentielle pour maintenir des colonies d’abeilles en bonne santé

La première visite de ruche en sortie d’hivernage est une étape très importante, qui n’est pas nécessairement très longue, si l’on observe précisément les bons indicateurs, parmi lesquels le couvain, qui permet d’avoir un état des lieux précis de l’état de santé et de développement de la colonie. Contrôler le couvain d’abeilles est une étape importante pour le suivi du développement des colonies.
Pour bien contrôler le couvain il faut déjà savoir le reconnaitre. Le couvain est l’ensemble des alvéoles qui contiennent les œufs, les larves et les nymphes. Il se trouve généralement plutôt au centre de la ruche mais peut s’étendre facilement sur 7 ou 8 cadres en cas de colonies fortes au printemps. La présence ou non d’un plancher aéré, et l’orientation de la ruche par rapport au soleil peuvent influencer sa position.
![]() Le couvain est ouvert |
![]() Le couvain est ouvert |
![]() Le couvain est operculé |
Lorsqu’il est présent, la qualité du couvain d’ouvrières sain s’apprécie sur la base de différents critères : la régularité, la forme et l’abondance
Lorsqu’il est sain, le couvain est compact. Tous les œufs pondus suivent un développement normal de manière à donner une belle planche de couvain operculé. C’est le premier signe de bonne santé ! On considère comme normal et compact un couvain avec moins de 10 % de cellules vides. Au-delà de 10 %, l’apiculteur doit rester très attentif et suivre le bon développement de la colonie.
Au contraire, lorsque le couvain est malade, il présente une irrégularité. Plusieurs images sont alors possibles : un couvain dit « en mosaïque » (les larves meurent et les alvéoles sont alors vidées de leur contenu) ou un couvain dont le contenu des alvéoles est anormal. D’autres signes peuvent être associés, en fonction de l’agent pathogène responsable. S’il y a une forte proportion d’alvéoles vides sur une plaque de couvain, c’est peut-être déjà un indicateur, soit d’une pathologie, soit d’une reine qui s’épuise. Attention toutefois, il peut y avoir un blocage de ponte en cas de forte miellée, ou bien un manque d’espace dans la ruche pour stocker le nectar, et dans ce cas les ouvrières utiliseront les espaces libérés par des naissances pour stocker les provisions.
Si le couvain est nettement clairsemé, et que le fond de la ruche présente beaucoup d’impuretés, il peut s’agir d’une ascophérose, qui est une mycose. Les larves se momifient, et sèchent, on parle alors de couvain plâtré. Remarqué suffisamment tôt, le champignon peut être éradiqué par le remplacement de la reine, car il a été observé que la sensibilité génétique favorisait l’apparition de la mycose. Un refroidissement brutal ou un épisode pluvieux long peut aussi être à l’origine de son développement dans la ruche.
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Il s’agit d’une maladie contagieuse du couvain, causée par le Sac Brood Virus (SBV). La prévalence de ce dernier dans les exploitations apicoles est très importante, ce qui en fait l’une des maladies virales les plus communes chez l’abeille domestique. Plus fréquemment rencontrée au printemps, l’infection est souvent asymptomatique chez l’adulte. Chez les larves, les signes cliniques observés sont variables en fonction de l’évolution de la maladie :
Dans la majorité des cas, un faible nombre de larves est atteint, ne représentant pas une menace pour la survie de la colonie.
Un couvain peu abondant et dispersé peut trouver son origine dans une forte pression varroa, mais l’on verra alors naître des abeilles aux ailes abîmées, atrophiées ou même inexistantes.
Les larves d’abeilles sont plutôt fermes et brillantes, et recouvertes de métamères, des « anneaux ». La présence de larves mortes et « crémeuses » au fond des alvéoles doit attirer votre attention. Les larves en décomposition ne présentent pas d’odeur particulière : il s’agit probablement de loque européenne. La colonie manque peut-être de pollen, et les premières rentrées du printemps pourront faire disparaître la pathologie. N’hésitez pas dès les premiers signes, à donner un nourrissement fortement enrichi en pollen, comme une pâte hyperprotéinée.
Beaucoup plus préoccupant, si le couvain est disséminé, et qu’une odeur de pourriture se dégage de larves mortes, il peut s’agir de loque américaine. Pour vous en assurer, utilisez un test de détection de la loque. Vous pouvez aussi introduire un petit bâton de bois type allumette dans une cellule suspecte. Mélangez doucement et retirez-le. Si un filament s’étire de la cellule sur plus d’1cm c’est bien le signe de la loque américaine.
Extrêmement contagieuse, cette pathologie se disperse sous formes de spores très volatiles, il est donc primordial de ne pas déplacer des ruches, des cadres, des colonies ni même du matériel infecté. Le seul traitement valable est malheureusement très radical, mais consiste à brûler les cadres malades. Désinfectez ensuite le corps de ruche et tout l’outillage avec une solution javellisée.
En cas de contamination nous vous invitons à prendre contact avec le GDS (Groupement de Défense Sanitaire) le plus proche de chez vous. Un technicien sanitaire apicole pourra vous proposer une visite et un diagnostic de votre rucher.
Le rôle de l’apiculteur dans la gestion des maladies du couvain est fondamental. En effet, les facteurs favorisants leur apparition sont limités par la mise en place de bonnes pratiques apicoles. Elles concernent toutes les interventions de l’apiculteur qui peuvent influencer la santé des abeilles, en particulier :
Les sections apicoles des GDS conseillent et participent à la lutte contre la varroose, en particulier au travers de la mise en place de plans sanitaires d’élevage. En cas de doute concernant la santé de son cheptel, tout apiculteur peut trouver un interlocuteur compétent en se renseignant auprès de la structure sanitaire dont il dépend. Les principales maladies du couvain sont contagieuses c’est pourquoi il est important de mettre en place une défense collective les concernant.
Par ailleurs, en notant systématiquement la qualité, et la quantité du couvain lors des visites, on connaît bien ses colonies, on suit leur évolution et on arrive à identifier celles qui résistent le mieux aux aléas des saisons apicoles.