Partant du constat que les ruches modernes étaient des passoires thermiques conduisant à des surmortalités hivernales, Marc Guillemain a passé 30 ans de sa vie à mettre au point un système d’isolation efficace en s’inspirant de l’habitat naturel des abeilles, à savoir le tronc d’arbre.
La trophallaxie, du grec « trophein » (nourrir) et « allasein » (échanger), désigne un mode de transfert de nourriture d’un individu à l’autre, par la bouche. Chez les abeilles, ce comportement joue un rôle central dans la vie de la colonie.
Que signifie la trophallaxie ?
Par définition, la trophallaxie chez l’abeille est un phénomène naturel. Les abeilles pratiquent entre elles un échange de nourriture (pollen) réalisé par le passage du miel de bouche à bouche.
Chez l’abeille, la demande de trophallaxie se fait par tapotements de la quémandeuse sur les antennes de sa consœur. Celle–ci rendra sa réponse affirmative ou négative, par le truchement du même code anténnaire. Si elle accepte, elle amène aussitôt au bord des mandibules une goutte sucrée que l’affamée aspire au moyen de sa langue dépliée.
Or, en même temps que de la nourriture, les butineuses échangent de petites quantités de substances salivaires. Celles-ci font passer dans les ruches de véritables informations chimiques influant le comportement des colonies.
Les jeunes mâles (faux bourdon) et les reines de l’essaim sont aussi nourris par les ouvrières grâce à la trophallaxie. Mais la reine en plus d’être nourrie de gelée royale, fait l’objet de léchages que ses ouvrières pratiquent sur son enveloppe corporelle. Ce phénomène absorbe ainsi des substances chimiques complexes que les biologistes appellent phéromones.
De trophallaxie en trophallaxie, elles sont communiquées à l’ensemble des ouvrières sur qui elles exercent une très forte attraction. Elles ont des incidences sur le comportement bâtisseur des abeilles, les incitant à construire un couvain composé de cellules hexagonales. En revanche, elles empêchent la construction de cellules destinées à recevoir des larves royales dans les alvéoles. En effet, les ouvrières élèveraient très rapidement ces larves si les phéromones venaient à manquer.
À quoi sert cet Échange ?
La trophallaxie de l’abeille créée des liens entre la souveraine et ses sujets par la quantité de substances chimiques. C’est ainsi que la reine exerce un véritable pouvoir sur ses filles. Elle leur impose donc de ne pas remettre son existence en cause : c’est important, car deux reines ne peuvent cohabiter sans chercher à se massacrer.
Le remplacement d’une reine dans une ruche orpheline est toujours un passage délicat qui remet l’avenir de la société en question. Tout est mis en œuvre avec sagesse pour maintenir l’équilibre existant. Que celui-ci soit menacé par une reine vieillissante ou un nombre trop important d’abeilles dans la colonie, se déclenchent alors des comportements de mutations où les ouvrières reprennent l’initiative. C’est seulement dans ces circonstances que le pouvoir royal est remis en question.
Ainsi, toutes les informations essentielles à l’organisation de la ruche proviennent de la trophallaxie, des sécrétions chimiques, des phéromones, émises par la reine mais aussi par les ouvrières.
Les phéromones servent par exemple à identifier des lieux – « marquage » de la ruche, repérage des sources de nectar, des lieux d’essaimage, de la reine par les faux-bourdons lors du vol nuptial, à émettre des signaux d’alarme, à contrôler les réserves de nourriture, à équilibrer la population en régulant la ponte de la reine, à maintenir en permanence la température et l’humidité idéales au sein de la ruche…
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