Élever des reines en apiculture est une pratique essentielle pour maintenir des colonies d’abeilles en bonne santé

De nombreuses raisons ont entrainé l’affaiblissement de l’abeille domestique européenne, l’Apis mellifera. L’apiculture actuelle a beaucoup évolué, elle ne peut plus se comparer avec celle de nos aïeuls. L’apiculteur amateur comme professionnel a dû s’adapter à de considérables facteurs défavorables pour les ruchers et l’abeille. Dès lors, il devient indispensable de maîtriser et de lutter contre les fléaux qui s’abattent sur cette dernière tel que le varroa destructor.
La varroase ou varroose est une maladie causée par l’acarien varroa destructor. Initialement acarien parasite de l’abeille asiatique Apis cerana, il est vu pour la première fois en Corée durant les années 50. Vingt ans après, le parasite finit par arriver en Europe et s’adaptent rapidement à l’abeille commune, l’Apis mellifera. Sa présence constante et les petites coupures que fait subir le parasite à l’abeille ou aux reines, va les affaiblir au point de la rendre plus sensible aux maladies et aux virus.
Même les ruches fortes ne peuvent venir à bout du varroa seules, car l’Apis mellifera ne pratique pas la technique de l’épouillage contrairement à sa consœur asiatique. Le comportement d’épouillage chez l’abeille est l’action d’utiliser ses pattes et ses mandibules pour enlever le parasite une fois détecté pour le blesser puis le tuer.
À l’exception de certaines îles et de l’Australie qui résistent encore et toujours à l’envahisseur, le varroa est aujourd’hui dans toutes les ruches du reste du monde.
Le varroa destructor se transmet principalement par le contact avec une colonie déjà infestée. Les principales voies d’introduction du varroa dans une ruche sont :
Le varroa est un parasite qui se place sur le dos des abeilles. De par sa petite taille, il est très difficile à distinguer à l’œil nu. Même s’il est intéressant de savoir reconnaître l’acarien, un cas de varroase est plus simple à identifier grâce aux symptômes.
La femelle adulte est brun clair après sa première mue. Sa couleur évolue vers le brun foncé en 24 à 48 heures. Elle se retrouve uniquement sur les abeilles adultes. Son corps est formé de plusieurs plaques rigides reliées entre elles par une fine membrane. Une soie fine, ondulée et serrée recouvre sa surface.
La reproduction du varroa se fait à l’intérieur des ruches. La femelle varroa pond entre 18 à 30 œufs durant sa vie. L’emplacement de choix pour déposer ses œufs sont les alvéoles des abeilles et des faux bourdons, dans lesquelles elle place respectivement 5 et 6 œufs. Une fois les alvéoles operculées, ces derniers vont se développer au détriment des larves d’abeilles. Une fois sorties de l’alvéole, les femelles varroa iront se fixer sur le thorax d’une abeille. Si vous observez vos abeilles à la loupe, il est possible que vous les remarquiez.
Le varroa mesurant seulement entre 750 et 1000 ㎛ (1 micromètre représente 0,001 mm), il est alors plus simple d’observer les effets de la varroase :
Leur espérance de vie est donc moins longue, ce qui est d’autant plus terrible pour les abeilles d’hiver supposées survivre jusqu’au printemps. La mort prématurée de ces abeilles peut rapidement entrainer un effondrement de la colonie.
Le système immunitaire des abeilles amoindri, le petit vampire sert ainsi de vecteur de nombreux virus qui entrainent plusieurs pathologies graves : ailes déformées, paralysies, corps atrophiés…
Une étude de la FNOSAD, réalisée entre 2007 et 2013, nous indiquait qu’une colonie possède en moyenne 1790 varroas destructor. Les chances de survie d’une colonie sont garanties quand la population de varroas est réduite à 50. Passer de 1790 à 50 à la fin de l’été et à l’issu d’un traitement sous-entend une efficacité d’au moins 97,2 %. Malheureusement, aujourd’hui aucun traitement ne présente une telle efficacité. Il devient donc nécessaire de combiner deux ou trois traitements différents avec des molécules différentes.
Durant l’été, la population du varroa se multiplie et va même jusqu’à doubler tous les 20 à 30 jours. C’est alors une période réellement dangereuse pour les abeilles. L’apiculteur se doit de réagir rapidement pour éviter une propagation trop importante due à la dérive des abeilles parasitées.
Les traitements peuvent s’effectuer presque toute l’année, notamment selon les résultats du taux d’infestation. Souvent, ils ont lieu le plus tôt possible après la saison apicole (soit vers la mi-août).
De manière générale, le traitement le plus efficace possible consiste à utiliser des lanières en fin de saison apicole, puis de l’acide oxalique en hiver et éventuellement de l’acide formique au tout début du printemps.
L’objectif des traitements acaricides consiste à réduire la population du varroa à moins de 50 par colonie. Il existe une dizaine de molécules acaricides autorisées en Europe, quatre sont autorisées en France et sept spécialités vétérinaires disposent d’une AMM pour le traitement de la varroase.
Cette substance de synthèse est non volatile et très efficace. Son efficacité moyenne s’évalue à 95 % en l’absence de résistance chez le varroa. Cependant, si l’acarien développe une résistance au produit, cette moyenne chute considérablement.
De plus, même si sa toxicité est modérée pour l’abeille, cette dernière s’accumule dans le corps gras de la cire et même dans le miel. Ces résidus, en plus d’être un danger pour la santé, favoriseraient la résistance au produit chez le parasite.
Malgré le fait qu’elle s’accumule dans la cire et le miel, l’amitraze présente de bons résultats. Son efficacité moyenne est régulière et supérieure à 95 %. À la fin du traitement, 70% des colonies ont moins de 50 parasites.
Le thymol est une huile essentielle d’origine naturelle. Il n’est pas la solution la plus idéale. S’il est retrouvé dans la cire et le miel, on le retrouve en quantité encore plus importante dans l’organisme de l’abeille. De plus, il exerce un effet comportemental sur l’abeille qui a été démontré. L’efficacité du médicament est moyenne et très irrégulières : seuls 40 % des colonies traitées présentent une efficacité supérieure à 95 %, et 30 %, une efficacité en dessous des 80%. L’objectif des 50 varroas par colonies n’est atteint que pour 33% des cas.
Présent naturellement dans certains miels et végétaux, l’acide oxalique est efficace contre le varroa destructor, notamment en cas d’absence ou de très faible présence de couvain. Il est donné en hiver, car l’acide ne tue pas les parasites présents dans le couvain operculé. Son administration peut se faire à l’aide d’une seringue ou par sublimation.
Son efficacité s’évalue à 80-90 % en l’absence de couvain et moins de 60% en présence de couvain. C’est un traitement à administrer en début d’hiver et qui complètera des soins apportés en fin de saison apicole.
Acide également présent naturellement dans les miels, il ne contaminera ni la cire ni le miel. Il est le seul acaricide qui, appliqué à forte dose, peut tuer les parasites nichés dans les cellules operculées.
Cependant, cette molécule provoque un arrêt de la ponte de la reine lors de son application, la perte potentielle de cette dernière ou encore du couvain. Une première étude fait état d’une efficacité supérieure à 90 % dans 45 % des cas, mais inférieure à 80 % dans 30 % des ruches suivies.
Il n’existe actuellement aucune alternative naturelle capable de remplacer l’efficacité des traitements chimiques pour lutter contre le varroa. Pour exemple : la technique des feuilles de betterave ou rhubarbe déposées sur les cadres pour lutter contre l’acarien. Cette technique s’avère quasi inutile : l’acide oxalique contenu dans les feuilles est bien trop faible pour être efficace.
Après plus de trois décennies qui ont suivi l’arrivée du varroa en France, des techniques de lutte raisonnée voient le jour. Elles allient l’utilisation de molécules, les pratiques apicoles défavorables pour l’acarien, le suivi régulier de la population de varroas, la prise en compte des conditions climatiques, etc. De plus en plus de groupements sanitaires mettent en place une lutte collective afin de réduire les possibilités de réinfestation d’un rucher à l’autre causée par des abeilles pillardes.
L’Apivar est un médicament contenant de l’amitraze. Il présente à la fois la meilleure efficacité et la meilleure régularité quant aux résultats. C’est pour cette raison que l’Apivar est le médicament le plus utilisé en France. Il faut toutefois surveiller son évolution, on observe ces dernières années une résistance à l’amitraze chez l’acarien.
Un premier traitement à l’Apivar sur tout le rucher peut être envisagé si en février/mars plus de deux chutes de varroas morts ou vifs sur langes graissés sont constatées par jour.
Attention ! Il faut impérativement retirer les lanières avant de poser les hausses. Cette pratique nécessite parfois de manquer le début de la miellée de colza.
Le traitement principal doit avoir lieu la fin de l’été, juste après la dernière miellée, soit en fin juillet/mi-août. Même si la pression parasitaire est faible, il est fortement recommandé de traiter avant le 15 septembre afin de s’assurer un meilleur développement des futures abeilles d’hiver.
Nous vous recommandons de prendre contact avec le Groupement de Défense Sanitaire Apicole (GDSA) le plus proche de chez vous pour vous accompagner dans le traitement contre la varroase de vos ruches.